
Images : Sofieke van Bilsen
Quand la sprinteuse de 100 mètres la plus titrée s'est présentée pour la dernière fois sur la ligne de départ, elle s'est répétée ce qu'elle savait déjà : qu'elle était prête, puissante et que cette course était la sienne, rien que pour elle. Les quelques secondes qui ont suivi étaient comme un hommage à tout ce qui l'avait amené à vivre ce moment.
Ses cheveux verts, jaunes et noirs virevoltaient derrière celle qui s'est auto-proclamée « fille de la terre », et qui a choisi de porter les couleurs de son pays pour sa dernière course. Ses ongles teintés d'or tendus devant elle, Shelly-Ann Fraser-Pryce a décollé des starting-blocks lors de la finale des championnats du monde d'athlétisme de Tokyo dans un stade national du Japon comble. Elle a terminé sa carrière de coureuse de 100 mètres de la même façon qu'elle avait commencé à courir il y a 18 ans au Japon : tout en vitesse, puissance et prestance. C'était un bel hommage à la Jamaïque, le pays qui l'a toujours supportée et qui l'a portée au sommet du sport pendant 20 ans.
Pendant ses années de domination, elle est devenue la première femme caribéenne à remporter l'or olympique sur 100 mètres en 2008, et elle a remporté les championnats du monde en 2019 après avoir donné naissance à son fils, Zyon. Shelly-Ann est l'exemple d'une puissante dualité : sa longévité dans la discipline la plus courte et la plus intense en athlétisme, tout en mettant en avant sa féminité et son expression personnelle dans un sport très exigeant physiquement, prouvant ainsi que la maternité et l'excellence ne sont pas incompatibles.
Ce que les athlètes du monde entier, et plus particulièrement les filles, peuvent retenir de l'exemple de Shelly-Ann, c'est son courage d'avoir couru sa course à sa façon. C'est aussi la conviction que les échecs ne nous définissent pas. Ce qui importe, c'est la solution qu'on y apporte. Et enfin l'assurance que si on croit en soi et qu'on travaille avec discipline, l'harmonie est un résultat atteignable. Rêves et famille, carrière et héritage.
Pour tout cela et pour ses 276 courses et ses sprints sur la ligne d'arrivée, on peut remercier Shelly-Ann.
Ci-dessous, on découvre les coulisses de la dernière compétition d'une championne hors pair à Tokyo.

Au cours de ses 20 ans de carrière professionnelle, Shelly-Ann Fraser-Pryce est devenue la sprinteuse la plus décorée de l'histoire du 100 mètres, avec trois médailles d'or olympiques et dix titres de championne du monde.

Shelly s'est déplacée à Tokyo avec son mari, Jason, et son fils de huit ans, Zyon. Ce dernier a dû suivre ses premiers jours d'école à distance pour assister à la dernière course de sa mère.

L'impact de Shelly-Ann sur le sport va bien au-delà de ses résultats sur 100 mètres. Elle a passé 20 ans au sommet de l'athlétisme, inspirant au passage des générations d'athlètes et de jeunes femmes.


Une fan est venue saluer Shelly et elles ont comparé leur manucure.


La foi de Shelly-Ann a été très importante tout au long de sa carrière. Elle va toujours à l'église chaque semaine chez elle, en Jamaïque.


Lors de sa course de qualification du samedi, Shelly-Ann a choisi de porter les couleurs de l'arc-en-ciel dans ses cheveux, un hommage à tous les looks qu'elle a pu avoir jusqu'à cet instant.

L'été dernier, Nike a créé un Pack Electric Maxfly 2 contenant notamment des pointes rouge vif avec trois cristaux au talon qui représentent les pierres de naissance de sa grand-mère, de son fils et d'elle-même.

Shelly-Ann a couru sa demi-finale en 11 secondes pile dimanche soir à Tokyo, une vraie balade de santé pour se frayer un chemin de finale.



Une ovation s'est élevée des tribunes quand les presque 60 000 fans du stade national de Tokyo ont entendu le nom de Shelly-Ann Fraser-Pryce être annoncé pour la dernière fois.


Après avoir fini la course en 6e position, elle a enlacé sa coéquipière Tia Clayton, qui a décroché la médaille d'argent. C'était comme une passation de pouvoir d'une génération talentueuse à une autre.




La dernière course était un moment de gratitude, a déclaré Shelly. Elle a eu le privilège de finir sa carrière à Tokyo, selon ses termes, à sa façon.

